Monuments de Louis Parisse
Sources
Informations recueillies dans les "Carnets patrimoniaux du Puy-de-Dôme"
"Des esthétiques méconnues : Art laïque et architecture civile dans le Puy-de-Dôme (1789-2005). A l’occasion du centenaire de la Séparation de l’Etat et des Eglises en 1905."
Hôtel Parisse
"A Briffons, se trouve la superbe demeure d’un de ces plasticiens sans formation académique mais à très forte pulsion créatrice, dont l’oeuvre puissant s’impose envers et contre tout et souvent contre tous : actifs au début du XXe siècle. Louis Parisse a non seulement rapporté différents motifs abstraits incisés sur l’excellent appareil de sa façade principale (les maçons de la CREUSE étaient proches) mais encore installée devant celle-ci cinq petits piliers monumentaux chargés de rouelles, éléments floraux et tréflés, coeurs en bas relief, d’incisions abstraites et de mentions variées : au sommet de chaque pilier, une ronde bosse. A première vue, l’ensemble mêle des signes plastiques et graphiques pas toujours clairs voir contradictoires. Le 1er pilier isolé à l’est porte une statuette académique rapportée ainsi qu’une évocation de Jésus sauveur. "
Piliers sculptés
"Sur chacun des deuxième et cinquième (le plus occidental), un buste de Jeanne d’Arc en casque et armure avec mention de ses dates ; sur chacun des troisième et quatrième, un buste d’officier en képi avec décoration sur la poitrine, l’un daté 1870, l’autre 1912 ; enfin parmi diverses mentions édifiantes : ’la paix-république-patrie (...) et ’honneur-patrie-liberté-égalité-fraternité’. Au total : affirmation chrétienne, nationaliste, républicaine ? D’évidence, tout à la fois : il y a là traduction esthétique de l’univers idéologique d’un bon citoyen et catholique dans les années 1905-1910, honorant le Christ, la République française, son armée et bien sùr Jeanne d’Arc, laquelle fera l’exacte synthèse de tout cela mais après la Victoire de 1918... Autrement dit ce plasticien adroit et intelligent salua simultanément l’Etat et l’Eglise au lendemain même de la Séparation, soit au moment où cette réconciliation était la plus improbable et une quinzaine d’années avant qu’elle devînt évidente : tout bon artiste est un peu visionnaire, et en l’occurence, il fut aussi un vrai laïque préfigurant en son rêve de pierre le compromis éclectique réalisé seulement vers 1920 par certains monuments-aux-morts ; car sur ceux-ci, la filiation qui liera Marianne et le poilu tué aura été annoncée par cette filiation antérieure entre les bustes de Jeanne d’Arc et d’officier vus ci-dessus. Outre leur qualité plastique, ces cinq piliers sculptés constituent, par la puissante liberté de l’imagination qu’ils manifestent, un exemple trés précoce de la meilleure esthétique vraiment laïque : celle républicaine mais non spécialement anti-religieuse : car l’athéisme anticlérical n’est qu’une part - aujourd’hui minime- de la laïcité"